- héroïsme
-
• 1658; de héros♦ Courage, force d'âme qui fait les héros; fermeté exceptionnelle devant le danger, la douleur (physique ou morale). L'héroïsme d'un martyr, d'un soldat. ⇒ bravoure, courage, sacrifice. Faire preuve d'un héroïsme sublime, surhumain. « Un héroïsme tout de résignation et de patience » (Sainte-Beuve). Actes d'héroïsme. — Par ext. L'héroïsme d'un geste, d'une tâche, d'une vie. ⇒ grandeur. — Par plais. Vivre avec un homme pareil, c'est de l'héroïsme. ⇒ vertu. ⊗ CONTR. Lâcheté.Synonymes :- bravoure- courage- dévouement- intrépiditéContraires :- égoïsme- lâchetéCaractère de ce qui est héroïqueSynonymes :- stoïcisme- vertuhéroïsmen. m.d1./d Vertu, courage exceptionnels, qui sont propres au héros. Pousser le dévouement jusqu'à l'héroïsme.d2./d Caractère de ce qui est héroïque. L'héroïsme de sa conduite.⇒HÉROÏSME, subst. masc.[Correspond à héros II A]A. — 1. Gén. au sing. Idéal du héros, de l'héroïne; force d'âme exceptionnelle qui fait d'un homme un héros, ou d'une femme une héroïne. Héroïsme cornélien, sublime; héroïsme d'un martyr; acte, trait d'héroïsme. L'héroïsme que comporte le sacrifice de la passion au devoir lui apparaît recéler [à Mme Bovary] une beauté morale, dont elle veut parer son âme (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 34). Une tragédie de Corneille finit toujours bien. Héroïsme, clémence, pardon, martyre elle finit toujours par un couronnement (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 791) :• Un petit Breton héroïque, inconscient de son héroïsme, blessé aux deux bras, avec un morceau d'obus dans la poitrine, ne connaissant pas un mot de français et qui, au crépuscule, se mettait à chantonner les vêpres en latin bas-breton.GONCOURT, Journal, 1889, p. 1016.♦ En partic. [Le compl. éventuel désigne un(e) combattant(e)] Comportement exemplaire caractérisé par un extrême courage face au danger et un dévouement total à la cause pour laquelle on combat. Des exemples de valeur héroïque, des mots sublimes inspirés par l'héroïsme militaire ou patriotique, qu'on admirait chez les anciens, sont devenus des lieux communs (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1758). Le général de Wimpffen s'était épuisé à combattre ces conditions, les plus rudes qu'on eût jamais imposées à une armée battue. Il avait dit sa malechance [sic], l'héroïsme des soldats, le danger de pousser à bout un peuple fier (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 387).— P. méton., gén. au plur. Acte(s), occasion(s) d'héroïsme; personne(s) qui manifeste(nt) de l'héroïsme. Tant qu'il aimera, il sera capable de tous les dévouements, de tous les héroïsmes pour s'égaler à l'idéal de son amour (LAMART., Raphaël, 1849, p. 192). Les mondes qui se sont levés dans l'héroïsme se couchent dans la fatigue, pour que viennent à leur tour des héroïsmes nouveaux et des souffrances nouvelles, qui feront lever d'autres mondes (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 310). L'inemploi, dans le train-train ordinaire, de tous les héroïsmes que la guerre avait chauffés à blanc, un besoin d'abnégation, de se prouver à soi-même sa noblesse (GIDE, Feuillets, 1937, p. 1284).2. [Le compl. désigne une action, une pensée] Caractère de ce qui est propre à un héros, à une héroïne, de ce qui relève de l'idéal qu'ils incarnent. Héroïsme d'une conduite, d'une vie. M. Josserand s'animait maintenant à l'idée de la veulerie de son époque, et d'un certain héroïsme de la vie quotidienne, qui lui semblait en voie de disparaître (AYMÉ, Mais. basse, 1934, p. 254).B. — P. ext. [Suivi d'un compl. désignant le domaine dans lequel s'exerce l'héroïsme] Degré extrême auquel un mérite, une qualité peuvent être portés. Héroïsme de sagesse, de générosité (Ac.). C'est là un héroïsme d'humilité, comme il en eut de charité (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 509). Un héroïsme de sainteté qui monte de la terre mais qui n'est point préalablement déraciné de la terre (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 722).Prononc. et Orth. : [
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1658 (COSTAR, Lett., éd. A. Courbé, II, 47 ds BRUNOT t. 4, p. 477). Dér. de héros; suff. -isme. Fréq. abs. littér. : 1 012. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 016, b) 1 270; XXe s. : a) 1 865, b) 1 633.
héroïsme [eʀɔism] n. m.ÉTYM. 1658; rare av. le XVIIIe; de héros, d'après héroïque.❖1 Vertu supérieure, force d'âme qui fait les héros; fermeté exceptionnelle devant le danger, la douleur (physique ou morale). || L'héroïsme d'un martyr, d'un soldat. ⇒ Bravoure (cit. 3), courage (cit. 16). || Héroïsme obscur et quotidien d'un mineur, d'un chercheur. ⇒ Dévouement, sacrifice. || Choisir entre l'héroïsme et l'abjection, les deux extrêmes (cit. 24) de la condition humaine. || Sentiment de l'honneur, de l'héroïsme (→ Espagnolisme, cit. 1). || Déployer, montrer de l'héroïsme. || Faire preuve d'un héroïsme sublime, surhumain. || Pousser la vertu jusqu'à l'héroïsme. || Effort d'héroïsme (→ Fatiguer, cit. 26). || Actes d'héroïsme (→ Gadoue, cit. 2). || L'héroïsme obscur, anonyme de combattants. || Des héroïsmes. — (1696). Par ext. Caractère de ce qui est héroïque. || L'héroïsme d'un geste, d'une tâche, d'une vie… ⇒ Grandeur.1 (…) ils (les stoïques) lui ont tracé (à l'homme) l'idée d'une perfection et d'un héroïsme dont il n'est point capable, et l'ont exhorté à l'impossible.La Bruyère, De l'homme, XI, 3.2 (…) ce général, ayant aperçu le régiment de Diesbach et un autre, qui faisaient ferme contre une armée victorieuse (…) loua leur valeur, leur courage, leur fermeté, leur intrépidité, leur vaillance, leur patience, leur audace, leur animosité, leur bravoure, leur héroïsme, etc. Voyez, monsieur, que de termes pour un !Voltaire, Lettre à Déodati de Tovazzi, 1886, 24 janv. 1761.3 (…) ce nombre prodigieux de guerriers auxquels il est indifférent de servir sous une puissance ou sous une autre, qui trafiquent de leur sang comme un ouvrier vend son travail et sa journée (…) Je demande en bonne foi si cette espèce d'héroïsme est comparable à celui de Caton, de Cassius, et de Brutus.Voltaire, Notes sur Olympie.4 (…) toutes les routes par lesquelles, durant mon apprentissage, je passai de la sublimité de l'héroïsme à la bassesse d'un vaurien.Rousseau, les Confessions, I.5 L'admiration qu'excite en nous la vertu, la grandeur d'âme, et tout ce qui porte l'empreinte de l'héroïsme (…)Marmontel, Poétique franç., XII.6 On voit encore aux Carmes les trois ou quatre greniers qu'y occupèrent les Girondins. Les murs sont couverts d'inscriptions (…) Toutes respirent le sentiment de l'héroïsme antique, le génie stoïcien.Michelet, Hist. de la Révolution franç., XIII, IX.7 (…) il était incapable d'héroïsme, faible, banal, plus mou qu'une femme (…)Flaubert, Mme Bovary, III, VI.8 (…) un de ces concerts, riches de cuivre,Dont les soldats parfois inondent nos jardins,Et qui, dans ces soirs d'or où l'on se sent revivre,Versent quelque héroïsme au cœur des citadins.Baudelaire, Tableaux parisiens, « Les petites vieilles », III.9 Elle entre à son tour elle-même dans cette voie d'un héroïsme tout de résignation et de patience.Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 14 juil. 1851, t. IV, p. 342.10 Ces grandes barricades révolutionnaires étaient des rendez-vous d'héroïsmes. L'invraisemblable y était simple. Ces hommes ne s'étonnaient pas les uns les autres.Hugo, les Misérables, V, I, IV.11 (…) ces beaux exemples d'héroïsme qui volent de siècle en siècle sur les lèvres des hommes (…)France, le Petit Pierre, XXIII.12 (Jacques Thibault) : La vie est l'unique bien. La sacrifier est fou. La sacrifier est un crime, le crime contre nature ! Tout acte d'héroïsme est absurde et criminel (…)Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 130.13 Il n'y a, à la vérité, aucune différence d'espèce entre l'héroïsme du soldat qui combat et celui de la mère de famille pauvre qui est fidèle à sa tâche et l'accomplit tout entière. Bien loin d'avoir sa place dans un walhalla où la commune humanité ne pénètre pas, l'héroïsme le plus naturel se manifeste, « hic et nunc », à chaque jour, à chaque instant. Il n'y a aucun métier qui, à son heure, ne puisse exiger de l'homme ce qu'il faut nommer de l'héroïsme, si l'on consent à dépouiller ce terme de toute une imagerie romantique dont on le revêt trop souvent. On peut même dire que l'héroïsme est d'autant plus vrai qu'il est moins spectaculaire, parce que, dans le spectacle et dans le plaisir qu'en éprouve l'homme, se glissent fatalement des éléments impurs de vanité. Le souci d'une belle attitude peut pousser l'être au-dessus de soi, même s'il n'est qu'une canaille; mais rien ne soutient l'héroïsme qui n'a pas de témoin. Rien hormis le regard de Dieu.Daniel-Rops, Ce qui meurt…, p. 174.14 L'héroïsme réunissait un monde mêlé sous une même palme. Bien des meurtriers en herbe y trouvaient l'occasion, l'excuse de leur vice et sa récompense, côte à côte avec les martyrs. On s'étonne que la guerre embauchât, par exemple, les Joyeux. Ils tenaient le secteur entre les fusiliers et les zouaves. La société trouvait bon, alors, qu'ils déployassent des instincts pour quoi elle les avait exclus.Cocteau, Thomas l'imposteur, Folio, p. 103-104.♦ Par plais. || Vivre toute une existence avec une femme pareille, avec un type aussi lamentable, c'est de l'héroïsme. ⇒ Vertu.2 Rare. (Un, des héroïsmes). Action héroïque. || Les héroïsmes d'un combattant. || « Des siècles d'héroïsmes, de labeurs, de détresses » (→ Consacrer, cit. 9).❖CONTR. Lâcheté.
Encyclopédie Universelle. 2012.